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Pourquoi devons-nous développer les énergies renouvelables ?

Pourquoi devons-nous développer les énergies renouvelables ?

Interview Énergies renouvelables

Les ENR sont-elles fiables ? Peut-on aller vers le 100 % renouvelable ? Comment répondre à la demande énergétique grandissante ? La Commission européenne a fixé un cap à l’ensemble des États membres : atteindre au moins 32 % d’ENR dans le mix énergétique d’ici à 2030 ! Mais si le futur des ENR semble tracé en Europe, les questions continuent de fuser dans le débat public sur leur efficacité, leur coût réel… Le point avec William Arkwright, directeur général d’ENGIE Green.

William Arkwright, directeur général d’ENGIE Green, analyse l’avenir de notre mix énergétique en France et dans le monde

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William, quelles sont les pistes actuelles pour verdir notre mix énergétique ?

Aujourd’hui, décarboner notre énergie suppose d’y inclure une part majeure d’ENR. Pourquoi ? Parce que notre société évolue vers des usages de plus en plus électriques en matière de chauffage, de mobilité ou encore de domotique. Donc, si nous voulons décarboner notre énergie, nous devons verdir notre électricité. En France, les scénarios convergent vers un mix énergétique comprenant une part de nucléaire pour faire face à la demande à long terme et une montée en puissance des énergies renouvelables pour répondre dès à présent aux besoins croissants.

Quels sont les atouts de l’énergie renouvelable ?

Face à l’urgence énergétique et climatique, les énergies renouvelables s’imposent comme l’énergie la moins chère mais aussi la plus verte, la plus compétitive, la plus indépendante, la plus sûre et la plus rapide.

 

Pourquoi parler de « long terme » en évoquant le nucléaire ?

Le nucléaire qu’on lance aujourd’hui sera fonctionnel dans quinze ans, contre trois ou quatre ans pour les énergies renouvelables. Nous allons en avoir besoin car le rythme de développement des ENR ne permet pas de pourvoir à tous nos besoins en énergie et parce que la demande en électricité va augmenter dans les années à venir. 

 

Les ENR sont-elles des filières maîtrisées ?

Les ENR présentent très peu de risques, que ce soit en termes de sécurité d’approvisionnement, de risques industriels, de santé publique ou encore de risques sur le temps long. Nous savons parfaitement démanteler nos installations et rendre les espaces fonciers à leurs propriétaires pour d’autres usages. Tout est maîtrisé et le risque est minimal.

 

Quels sont les obstacles au déploiement des ENR aujourd’hui ?

Les ENR ont été grandement diabolisées et pas toujours comprises. Pourtant, elles font partie de la solution et non du problème ! En France, on ne va pas assez vite dans leur déploiement, à cause du cadre réglementaire qui évolue sans cesse, des difficultés pour traduire les objectifs nationaux en actions locales, des efforts de pédagogie nécessaires pour que les ENR soient acceptées et partagées… C’est pourquoi nous travaillons main dans la main avec les territoires pour produire une énergie locale, décentralisée, visible qui soit acceptée par tous.

 

Quelles sont nos axes d’amélioration ?

Des efforts sont encore à fournir pour faciliter l’acceptabilité des ENR. Dans l’éolien, il faut développer le repowering (remplacement des anciennes machines par de nouvelles plus puissantes). Nous avons également un enjeu de répartition des ENR dans les territoires : aujourd’hui, il y a des zones trop denses sur lesquelles il faut éviter de s’implanter et d’autres qui sont délaissées. Nous devons aussi mixer toutes les surfaces : centrales au sol sur sites anthropisés ou sur sites dégradés, ombrières de parking, toitures, autoconsommation, solaire agricole sous toutes ses formes, pastoralisme avec haies verticales, agrivoltaïsme sous forme de persiennes, etc.

 

Qu’est-ce qui a changé ces dernières années en termes d’innovation ?

La première innovation a trait à l’augmentation du rendement : aujourd’hui, on produit plus au m2 sans s’étaler. Les turbines éoliennes sont plus puissantes, la qualité de production des panneaux solaires a augmenté… 

La deuxième innovation, c’est l’approche participative : on observe de plus en plus de projets en co-développement avec les riverains ou les sociétés d’économie mixte… On ne voyait pas ça auparavant ! 

La troisième innovation porte sur ce que j’appelle une « innovation de solutions ». En effet, les ENR répondent à des problématiques énergétiques locales : par exemple, l’hydrogène renouvelable généré sur un territoire peut servir à alimenter les mobilités vertes sur ce même territoire. 

La quatrième innovation réside dans le modèle économique. Nous sommes passés d’un modèle subventionné aux Power Purchase Agreements (PPA), des contrats de long terme qui permettent de vendre directement l’électricité verte à prix fixe et de s’affranchir des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie. 

Enfin, la cinquième innovation concerne l’écosystème global : nous développons de nouvelles solutions pour mesurer notre impact environnemental et préserver la biodiversité. Nous utilisons des drones pour observer la nidification de certains rapaces, des systèmes de détection de mouvement pour protéger les oiseaux des éoliennes, etc.

 

En quoi les ENR concourent-elles à la sobriété énergétique ?

Les ENR sont par nature des énergies de proximité. Or, plus l’énergie est locale et moins il y a de pertes d’électricité sur le réseau. Il faut savoir qu’aujourd’hui, 2 000 MW sont perdus chaque jour sur le réseau électrique à cause de la distance parcourue. C’est pourquoi les énergies de proximité nous permettent d’être plus efficients et d’améliorer notre sobriété énergétique.

Comment limiter l’impact pour les riverains ?

Les ENR sont des énergies qui se vivent localement. Nous avons développé des systèmes qui débrident les éoliennes par temps de pluie ou de grand vent : ainsi, elles produisent davantage lorsque le bruit ambiant de la nature est plus élevé. ENGIE Green s’inscrit comme partenaire d’un territoire. Nous ne sommes pas là uniquement pour « poser une centrale » ni pour « faire à tout prix du mégawatt ». La co-activité, c’est réussir à faire vivre un écosystème local. C’est pourquoi, au cœur de nos parcs éoliens et solaires, on retrouve du pastoralisme, des ruches, des crapauducs…

 

Où en est-on aujourd’hui en France côté déploiement ?

Nous avons de l’espace disponible ! Notre densité éolienne et solaire est inférieure à celle de nos voisins européens : nous sommes 14e dans le classement des pays membres de l’UE ! Pourtant, en France, les ENR se marient très bien dans le mix énergétique, grâce à leurs périodes de production complémentaires.

 

La variabilité des ENR est-elle un obstacle ?

Non, car on sait prévoir. Les énergies éolienne et solaire s’équilibrent bien entre elles et ont plus de souplesse qu’on ne le pense. La variabilité n’est pas un enjeu : c’est la capacité à prédire qui compte. Aujourd’hui, quand on projette une centrale, nous sommes capables de savoir quelle quantité d’énergie sera produite. Les écarts entre l’estimé et le réel produit sont très faibles et se situent autour de 10 %.

 

Où en est l’opinion publique sur la question des ENR ?

Nous avons mené plusieurs enquêtes pour évaluer l’acceptabilité des ENR dans l’opinion publique. Ce qu’il en ressort ? L’environnement et la durabilité sont dans le top 5 des préoccupations des Français aujourd’hui. L’énergie solaire remporte un taux d’adhésion extrêmement favorable : 90 % de représentation positive ! Côté éolien, les deux tiers des Français sont favorables à son développement et ce taux monte à 73 % pour les riverains à côté des parcs. En clair : plus on est proche des éoliennes, mieux on connaît cette énergie et plus on l’apprécie ! Par ailleurs, les ENR ont toutes en commun une caractéristique qu’elles sont les seules à posséder : leur approvisionnement en matière première est gratuit (eau, vent, soleil) ou local (déchets agricoles). Ce sont des énergies qui ont tout pour elles : pourquoi s’en priver ?

 

Comment voyez-vous l’avenir des ENR ? 

L’an dernier ont été installés à l’échelle mondiale 225 GW d’ENR, 35 GW de charbon ou de gaz et 0 GW de nucléaire. Je pense que ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Quels que soient les obstacles, les ENR ne peuvent que croître. Et elles doivent croître. Nous sommes passés d’un marché subventionné à un marché rentable, d’une filière émergente à une filière mature proche du zéro déchet. Chez ENGIE Green, nous développerons les ENR parce qu’il n’y a pas le choix si on veut limiter le réchauffement climatique.